Evelyne Leterme, Directrice du CVRA (extrait de la lettre de soutien au projet d’isncription)
L’arboriculture fruitière est née d’une coévolution entre des plantes bien particulières, pour la plupart des arbres et l’homme au cours de 10 000 ans d’interaction. Tous ces savoirs-faire sont à caractériser et à transmettre, ce que nombre d’entre nous réalise comme une mission. C’est en cela que leur inscription au patrimoine immatériel de l’UNESCO est essentielle.
L’arboriculture fruitière : une interaction hommes – plantes exceptionnelle
Nous avons bien souvent oublié que les arbres fruitiers sont issus d’ancêtres forestiers, qui ont été sélectionnés par l’homme dès le début de l’invention de l’agriculture pour améliorer ses sources alimentaires. A partir de descendants de ces espèces forestières dont il avait repéré les types qui avaient évolués et portaient des fruits moins astringents, moins durs, moins acides et plus sucrés, plus gros et plus juteux, il a accentué de plus en plus le caractère fruitier. La difficulté était de s’affranchir de la reproduction sexuée pour maintenir à l’identique les types repérés. Pour y parvenir l’homme a découvert que l’association de deux plantes différentes (mais toutefois génétiquement assez proches) par soudure est possible et se produit naturellement, ce qu’il a imité avec la technique du greffage.
C’est ainsi que c’est constitué au fil des siècles et des millénaires un pool de variétés fixées, cohabitant avec de multiples semis qui pouvaient soit leur servir de porte-greffes soit être pourvoyeur d’une variété nouvelle. Toujours intimement associé à toutes les productions agricoles, céréales, légumes, haies, y compris avec l’élevage (en prenant les précautions d’usage), l’homme a fait évoluer les arbres fruitiers greffés jusqu’à l’aube du 21ème siècle, pour les associer aux paysages, en modelant leurs structures, les transformant en une sorte d’œuvres d’art, créations uniques à la fois de structures et d’individus à vocation exclusivement fruitière mis à son service, au cours d’une longue chaine d’adaptations de leurs possibilités en lien avec les contextes de chaque époque.